Pseudosciences

Créationnisme et pseudosciences

Il convient de noter que la revendication d'être scientifique, venant du créationisme, repose de sa part sur une véritable confusion des genres. Nous allons ci suit revenir sur certaines définitions de notions qui lui sont apparement inconnues (religion, science, évolution, et pseudoscience). Car le créationisme n'est pas seulement une science médiocre, c'est également une bien piteuse théologie.

Qu'est ce que la religion ?

La religion est une ensemble de croyances relatives à l'existence d'une ou plusieurs divinité(s) et partagées par une communauté structurée autours des enseignements relatifs à ce ou ces divinité(s) et à un culte lui/leur rendant hommage. Un des rôles principaux des religions a été dés ses débuts de proposer une vision du monde et de répondre aux questions suscitées par l'existence des hommes, de l'univers, de la vie et de la mort. Pour ceci, le culte se réfère un système sophistiqué de mythes et de valeurs morales connexes. Le qualificatif de mythe pourra sembler outrancier à certains, mais cela ne diminue en rien ses qualités essentielles : sa richesse culturelle, poétique, symbolique ou la construction d'un système de valeurs (ce dont elle n'a par ailleurs pas le monopole : les valeurs existent indépendamment de la religion et des dieux). Nul ne prétendrait que la cosmologie grecque classique, polythéiste, n'ait eut par le passé valeur de religion, et pourtant il en est fait référence aujourd'hui en tant que mythologie.

D'autrepart, par sa construction, le mythe est mêlé parfois de détails historiques :
en témoigne par exemple le récit homérien de l'Iliade, relatant la guerre de Troie, qui est parsemé de références religieuses grecques classiques (avec notamment une intervention directe des dieux dans le conflit humain) et décrit cependant un événement historique réel. Il reste à noter, en ce qui concerne le propos de cette page, qui n'est pas de décrédibiliser la démarche religieuse en tant qu'activité humaine fondamentale (mais non indispensable), que les principales religions monothéistes du monde actuel (Judaïsmes, Christianismes et Islams) sont des religions basées sur la révélation, et que certains de ses courants revendiquent une lecture littérale de leurs textes religieux. Ce principe est à la base du fondamentalisme, et outre le problème alors posé par l'interprétation du message " divin ", a notamment donné naissance à divers courants créationistes dont les affirmations s'opposent directement aux découvertes scientifiques modernes sur le monde.

Qu'est ce que la science ?

Cette page n'a pas pour vocation de retracer une épistémologie de la construction des connaissances (qui est la vocation de la démarche scientifique), aussi se limitera-t-on aux principes qui fondent la science moderne. Toujours est il que l'histoire de la science est celle d'un long échange entre les idées qu'ont eu les hommes de tous temps à propos des mêmes questions que celles fondatrices des mythes originels. De fait, les idées d'origine religieuse ou plus largement philosophique ont teinté en toile de fond les concepts et notions scientifiques par le passé. La biologie n'en est pas exempte, en témoigne le temps qu'il lui a fallu avant d'être une science à part entière, et l'impact qu'ont pu avoir par exemple l'essentialisme de Platon ou le fixisme imposé par le dogme chrétien...

Ainsi que l'illustre le schéma ci dessous, la science se préoccupe de comprendre les phénomènes naturels dans l'univers, que ce soit ceux qui concernent la matière inerte (chimie, physique, astronomie, géologie...) ou ceux relatifs aux êtres vivants (biochimie, physiologie, génétique, évolution, paléontologie...). Il s'agit de comprendre et de donner une explication aux phénomènes observés dans la nature. Le point de départ réside donc dans l'observation de ce qui est. La seconde étape est la formulation d'hypothèses explicatives de ces phénomènes, le point essentiel, et c'est ce qui importe à la démarche scientifique, repose sur la nécessité que ces hypothèses soient testables. Ce critère est essentiel à la science telle qu'elle est pratiquée à l'heure actuelle, et c'est aussi ce qui fait la force de ses découvertes : les hypothèses sont testées et celles qui ne sont pas explicatives ou qui sont fausses sont écartées au profit de celles qui permettent le mieux d'expliquer les phénomènes naturels.


schéma du fonctionnement de la science

Il convient d'insister sur le fait que toutes les hypothèses, en biologie notamment, ne sont pas forcément directement vérifiables par l'expérimentation mais font appel à d'autres tests : l'observation directe et la confrontation aux données ou bien les conséquences des hypothèses sont directement testables (c'est le cas de la plupart des sciences en fait : les données de l'astrologie relatives au big bang par exemple ne résultent pas directement de l'expérience, mais de la capacité de la théorie du big bang à formuler des hypothèses inférées qui corroborent les observations et mesures). De fait, la science ne s'organise pas directement en hypothèses indépendantes, mais les connaissances s'organisent en théories explicatives de phénomènes liés les uns aux autres. Le terme "théorie" prête d'ailleurs parfois à confusion : dans le langage courant, le mot signifie avant tout une spéculation d'ordre hypothétique, alors que dans la communauté scientifique, le même mot fait référence à un ensemble d'hypothèses explicatives relatives à des observations qui ont en commun d'être soumis à un ou plusieurs phénomène(s). Une théorie scientifique est donc en général plus qu'un simple ensemble d'hypothèses, mais plutôt un ensemble d'hypothèses vérifées par l'expérience, donc d'explications, ce qui est une nuance fondamentale.

D'une façon générale, la démarche et les théories scientifiques partagent les règles suivantes :

Les hypothèses sont formulées dans le cadre d'une théorie explicative (que la théorie en question soit à des degrés divers confirmée antérieurement par des expériences, ou bien émergente et tentant d'expliquer un phénomène nouveau).

Ces hypothèses sont testées par l'expérimentation ou dans une démarche comparative (en se plaçant dans un cadre qui permet de répondre de façon concluante : le monde tel qu'il est peut être considéré comme une expérience naturelle).

Les résultats de cette confrontation entre les hypothèses et observations sont ensuite publiés.

Ce dernier point est aussi important que la démarche de confrontation de la théorie aux faits, et peut être trop souvent un aspect négligé quand il s'agit d'expliquer le fonctionnement et le fondement de la démarche scientifique. En effet, les travaux soumis à publication sont évalués par les pairs, c'est à dire d'autres scientifiques qui en général s'intéressent aussi au sujet en question, afin d'évaluer la recevabilité des résultats et la conformité de la conclusion à cette confrontation entre hypothèse et résultats empiriques ou expérimentaux. Cette évaluation est aujourd'hui le plus souvent anonyme et réalisée par des acteurs indépendants pour garantir l'authenticité des avis donnés et limiter les abus de jugement. Et ce système fonctionne plutôt bien. L'argument consistant à avancer l'idée que le jugement par les pairs est à l'origine d'un complot contre la publication est plutôt faible, étant donné que le rejet d'une publication touche également n'importe quel chercheur professionnel, parfois à cause de la faiblesse de ses résultats. Cette exigence de qualité est un mal nécessaire à un progrès efficace des connaissances. Et il n'est pas besoin de rappeler que les progrés de la science sont efficaces.

Il en résulte que la science est par nature à la fois une démarche, une méthode, et un moyen extrèmement efficace pour comprendre le monde et les phénomènes qui s'y produisent. Les progrès permis par cette démarche illustrent son efficacité qui n'est plus à confirmer. L'exigence éthique de clarification des hypothèses, de l'expérimentation, la confrontation aux faits, et de la reproductibilité des résultats permet de déceler les hypothèses ou connaissances erronées. Cette tendance est évidemment contrainte par la technologie accessible, et les progrès de la science repose grandement sur les outils (technologiques et conceptuels) dont elle dispose au cours de l'histoire. Des innovations technologiques ont leur importance particulière et l'arrivée d'un outil plus précis s'accompagne souvent de nouvelles découvertes.

La science est donc caractérisée par une amélioration progressive des théories qu'elle regroupe, et surtout par une validation par les faits. Elle reflète bien le caractère évolutif et améliorable des connaissances qui la sous tendent. D'autrepart, il faut souligner que les connaissances scientifiques ne requièrent pas de "foi", c'est à dire que ses résultats établis restent vrais indépendamment des convictions des scientifiques eux mêmes.

Qu'est ce que la théorie de l'évolution ?

La théorie de l'évolution est une théorie scientifique qui rends compte d'un ensemble de faits biologiques et d'inférences sur les résultats de l'investigation du monde vivants. Elle prends naissance essentiellement depuis les travaux naturalistes de Darwin et la publication en 1859 d'un de ses ouvrages : " L'origine des espèces ".

Les faits étayant cette théorie sont innombrables :

Les espèces ne sont pas figées mais sont variables et cette variation est héréditaire (exemples des variétés agronomiques et/où liées à la domestication des animaux et des plantes).

La spéciation, artificielle ou naturelle, c'est à dire la naissance d'espèces nouvelles est également factuelle.

Les inférences tirées des données génétiques, morphologiques, embryologiques et phylogénétiques avec l'organisation d'un pattern de hiérarchie par emboîtement confirment une évolution des espèces actuelles à partir d'un ancêtre commun.

La datation de la Terre et de l'univers par les méthodes de la chimie, de la physique et de la géologie confirme un âge ancien pour notre planète. D'autrepart la présence et l'organisation en strate des fossiles témoigne que la vie n'a pas toujours été ce qu'elle est aujourd'hui.

Qu'est ce que le créationisme et est ce une théorie scientifique ?

D'après la discussion sur la nature de la science, pour pouvoir affirmer que le créationisme est scientifique, il faudrait pour cela que la théorie soit définie clairement, les hypothèses postulées et soumises à l'expérimentation ou analyse comparative, et que ses résultats soient publiés dans des journaux professionnels de la biologie à comité de lecture. Il se trouve que le créationisme ne repose en rien sur la démarche scientifique :

Il se contente de dénégation de certaines hypothèses scientifiques de la théorie de l'évolution, le plus souvent sur la base d'une vision erronée de la théorie ("strawman version").

Aucune théorie n'est jamais avancée. Aucune hypothèse n'est jamais avancée, ou quand il y en a, aucune n'est falsifiable ou expérimentée. Aucun résultat obtenu n'est publié dans la littérature scientifique (plus précisément, aucun résultat n'est obtenu).

Alors, si le créationisme n'est pas scientifique, est il pseudoscientifique?

Que pouvons nous répondre?

D'abord, qu'est ce qu'une pseudoscience ?

Tout d'abord et en première approximation, la science, s'attache à découvrir et comprendre les phénomènes naturels. Cela laisse donc à la para-science le soin de se spécialiser dans les phénomènes pas naturels. Au moins, c'est une définition qui conviendra à tout le monde.
Evidemment, pour la science, la question de savoir s'il existe bien des phénomènes non-naturels reste ouverte, alors que l'attitude de la para-science consiste toujours à considérer que ces phénomènes existent bien. Ce qui reste à montrer, et de ce point de vue, cette première opposition constitue le point fondamental de divergence entre la science et la para-science. La science démontre, la para-science prétends démontrer. En effet, la science a besoin des faits, pour amorcer le processus qui est son essence même : confronter l'hypothèse à la réalité, et départager le vrai du faux, "le bon grain de l'ivraie", le vérifiable et finalement vérifié de léternel 'invraisemblable. Sinon, elle se désintéresse de la spéculation pure qui s'émoustille trop souvent en verbillage. Pour la para-science, peu importe tout cela, il s'agit avant tout de croire pour que la magie s'opère.

C'est merveilleux. Sémantiquement, oui, c'est : merveilleux, magie, fable, incroyable mais vrai! Tout ce dont vous n'osiez rêver dans un monde si désenchanté. C'est une distinction non-futile, et elle introduit la dichotomie essentielle entre science et parascience.
Nous allons d'ailleurs énumérer quelques conséquences qui en découlent. Mais à ce niveau, je souhaiterais m'apesantir sur une deuxième distinction : celle entre non-science et para-science. La science ne saurait, ce n'est pas son rôle, prétendre à l'emporter de fait sur tout ce qui touche à l'activité humaine en général. Elle s'arrête à explorer le monde et à en rendre compte. Mais l'espèce humaine ne saurait se limiter à une activité d'investigation, d'enquête rationnelle. Elle est bien plus riche que cela, et c'est ainsi que nous avons multitude d'activités et la créativité qui va avec : pour la poésie, la musique, l'art, l'imaginaire, la littérature, la rhétorique, ou encore la politique et la juridiction. Rien que des exemples vibrants de notre imagination fertile et passionnée, pour lesquels une activité rationnelle pose bien des problèmes plus qu'elle n'en résoud (avec bien évidemment de multiples exceptions, dont G. Perec, une de mes idôles littéraires fait par exemple figure).

On doit donc considérer comme réalité l'ensemble de ses activités humaines, qui dépassent d'emblée la scruptation, la délimitation et la compréhension de l'univers. Il y a l'objet de la science, et toute une zone qui ne lui appartient plus (et qui est non-science pour l'occasion bien que son objet fasse sens sans nécessiter de rationalité), outre le fait qu'il y a déjà bien à faire pour décrypter ce qui relève encore de la Terra Incognita pour la science dans l'univers.
Mais la para-science (ou la pseudo-science ce qui lui convient mieux) n'est pas cela non plus, d'où cette seconde distinction également importante. En effet, la parascience, c'est surtout une revendication de scientificité de ce qui n'en est pas. La dénégation de la science par un scepticisme mal orienté et en même temps l'appropriation illégitime de son caractère factuel et vérifié.

Voici donc quelques critères spécifiques (et non ex-haustifs) qui caractérise cette soif identitaire de scientificité et son rejet de la réalité :

La pseudoscience ne fait pas de tests ni de vérification : des résultats ne seront jamais reproduits ou réexaminés, car le pseudoscientifique est déjà convaincu. L'exigence de vérification et de reproductibilité devient superflu, le besoin de comprendre aussi. L'explication ad-hoc précède la pseudoscience. Ce qui est l'extrème opposé de la démarche scientifique, poussée par le désir de réobserver, revoir, réfléchir aux hypothèses et aux conditions expérimentales. Par conséquence, la validation n'existe pas en pseudoscience que dans le désir de croire. Tout est déjà tenu pour vrai.

La pseudoscience ne fait pas de progrès, contrairement à la science qui s'enrichit sans cesse de nouveaux faits, nouvelles observations.
Ses croyances sont figées dans le mythe fantasmé, inlassablement répété dans l'espoir de le voir devenir réalité. Les faits concernants les phénomènes parascientifiques, une fois entrés dans la légende, continueront d'y survivre dans la réitération bibliographique.

La pseudoscience repose sur le spéculatif, et sa transformation de l'hypothèse en « vérité » absolue dans une transmutation véritablement alchimique.
Elle y succède d'abord en faisant appel à l'émotionnel, avant de s'engager dans un processus d'auto-validation où le subjectif et le rapport fusionnel au mythe prennent les devants :
Les failles logiques et les preuves contradictoires sont complètement ignorées, les hypothèses alternatives délaissées, et où seuls les éléments "confirmatifs" (quand ils ne sont pas interprétés ou réinventés pour être plus conforme à ce qui doit être) s'approprient l'espace de la réalité.
De fait, cette procédure d'auto-validation (subjective) consiste à renforcer les préjugés plutôt qu'à s'en prémunir. Idéalement, la science poursuit encore une fois la démarche opposée, et en tout cas repose encore parfois sur la falsification des idées reçues.

D'autrepart, la mythologie se figeant, il reste à la pseudoscience à chercher désespérément la validation qu'elle se voit ostensciblement refuser par le simple constat désolant de la réalité. Il lui faut alors conquérir ce qui lui manque le plus : de la substance. Entre là la deuxième facette de son besoin d'être : une validation réelle, c'est à dire scientifique. Cela entraîne irrémédiablement sa tendance logique de "l'appel à l'autorité". Et elle en fait son cheval de bataille. Il est alors classique de voir l'argument (à défaut du moindre fait le confortant) d'une autorité supposée en la matière, très souvent honorairement un scientifique, ou des travaux, et trop souvent datant de mathusalem et bien poussiéreux (ce qui ne les invalide pas en soi mais doit éveiller les soupçons). Il y a un attrait fanatique pour ce confort si étrangement absent, dans ces travaux depuis longtemps oubliés, ou bien dans l'appel à une autorité mystifiée.

Car c'est aussi un point remarquable : quand il existe un scientifique excentrique prêt à partager cette opinion (c'en est une et on peut toujours trouver quelqu'un pour la soutenir), c'est rarement dans un domaine de la science qui relève de son expertise. C'est le triste sort d'un malentendu commun à propos de la science : la science n'est pas un savoir infus, comme on le croit trop souvent à tort, mais avant tout une démarche et une relation aux faits. Et l'opinion des gens à ce propos à peu à y voir, tant que cela relève du constat et du factuel.

Certains exemples historiques en sciences deviennent véritablement litaniques dans l'argumentaire pseudo-scientifique : d'une part on fait appel à un scepticisme absolu à l'égard de ce qui est validé, par exemple en s'appuyant sur ce qui est encore largement ignoré ("la science ne permet pas de tout savoir"), tandis que les figures de scientifiques d'abord considérés comme hérétiques avant de passer à la postérité sont ravivées (l'exemple chéri est celui de Galilée, dont les théories en astronomies étaient trop révolutionnaires pour être appréciées à leur juste valeur à son époque).

La démarche étant bien sûr de poursuivre la rationalisation du mythe pseudo-scientifique : Galilée avait raison et fut rejeté pour cela, comme je le suis avec les chimères que je poursuis... Il faut également noter que cette relation totalitaire du mythe qu'on ne peut pas transcender mène souvent à une théorie du complot. Il est souvent évoqué devant l'indifférence de la science vis à vis du mythe, quand ce n'est pas son rejet parfois, une conspiration de la communauté scientifique. Cette conspiration devient alors à nouveau une validation :

elle explique pourquoi les résultats ne sont pas publiés dans des revues prestigieuses de science : parce qu'ils sont rejetés par une communauté "jalouse", "ignorante" ou "lâche" et "cédant à la pression de la peur du ridicule". Il y a, au passage, une petite part de vérité : on peut être certain que les amateurs de pseudoscience n'ont pas peur du ridicule, puisqu'ils le sont. En revanche, leur méprise, c'est que ce n'est pas la peur du ridicule qui fait progresser, mais bel et bien le doute construit et une relation solide à la réalité.

Le problème bien sûr, c'est qu'il n'y a aucune raison qu'il en soit ainsi, et les scientifiques rêvent en réalité plus que tout se trouver confrontés à des phénomènes nouveaux à comprendre, et à l'excitation de faire une véritable découverte. De fait, même dans l'hypothèse d'une jalousie, des résultats brûlants ne peuvent jamais rester bien longtemps secrets.

A ce stade de conviction, il est bien difficile de faire un retour en arrière. Il intervient parfois même un phénomène de "projection", dans une acceptation pleinement psychanalitique du terme, à savoir le report sur autruit de la construction du soi, ou encore l'accusation de la science des maux qui caractérisent par essence la démarche pseudo-scientifique. Ainsi, la science se verra accusée de dogmatique, d'autoritaire et d'arbitraire, ou bien d'être une religion.

D'autrepart, le rôle du scepticisme devient fondateur des raisons de l'échec à prendre corps du mythe pseudo-scientifique : bien souvent, les phénomènes en question ne se produisent pas en raison de l'influence exercée par une personne sceptique. Inversement, le scepticisme vis à vis du résultat scientifique établi sert à le conjurer en retour... Mais c'est bien là l'avantage de la science : ses résultats sont indépendants de l'opinion qu'on en a. Il ne suffit pas de nier l'existence de l'électricité pour que les lampes s'éteignent. Et heureusement pour nous : sinon nous aurions sombré depuis longtemps dans l'obscurité.

Alors le créationisme est il une pseudoscience? Et bien documentez vous et voyez s'il réponds aux critères que nous venons de lister...

i/ Le créationisme se prétend il une science, et si oui, est il reconnu comme tel par les scientifiques de profession?
ii/ Fait il recours à des hypothèses non testables et/ou surnaturelles ? Fait-il appel à l'émotionnel au détriment de la logique?
iii/ Est il biaisé, montre-t-il une tendance à ne retenir que les informations qui l'arrangent? Expose-t-il explicitement les alternatives envisagées devant les phénomènes qu'il traite? Corrige-t-il ses erreurs et se renouvelle-t-il?
iv/ Cherche-t-il justification à travers une démarche présentée comme scientifique, fait-il référence à des travaux dépassés ou abandonnés depuis longtemps?
v/ Utilise-t-il l'argument d'appel à une autorité, autorité dans le domaine en question et représentative de sa communauté?
vi/ A-t-il recours à des théories du complot et des conspirations imaginaires? Utilise-t-il l'histoire de Galilée ou une version similaire pour asseoir sa "vérité" dont il se sent dépossédé?
vii/ Accuse-t-il la science d'autoritarisme, d'être une religion ou de faire appel au mythe? Fait-il du scepticisme son cheval de bataille, sans appliquer la même rigueur envers ses a priori?

Une conclusion honnête tout de même : "rêvons, mais ne prenons pas nos désirs pour la réalité". Et comme j'ai trouvé un jour en parcourant le web à ce sujet, finissons avec cette superbe définition de la pseudoscience : "méthode qui excuse, défend et conserve ses erreurs."

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Copyright © Laurent Penet 2006.