Pseudosciences

Le scarabée Bombardier et l'argument du Design

Par Mark Isaak, Copyright © 1997-2003, [Posté originellement en: 1997][Liens et Références Updatés: Mai 30, 2003]-- Traduction L. Penet

Une réponse apportée à "l'argument" du scarabée bombardier utilisé par les créationistes depuis l'aube du 20eme siècle...

Autres liens:
The Bombardier Beetle:
Evolutionary Accident or Everlasting Architect?

Cette page web créationiste est un exemple de l'argument (incorrect)
que l'hydrogène péroxyde et l'hydroquinone du scarabée bombardier
explosent quand ils sont mélangés ensembles.
Chemical Secretions of the Suborder Adephaga
Les scarabées bombardiers appartiennent au sous-ordre
connu sous le nom de Adephaga.
Les Adéphages sécrètent un grand nombre de composés chimiques
pour une multitude de raisons, l'une d'entre elle étant la défense.

Une position centrale du créationisme est que toute vie présente comme un dessein, et un exemple communément cité de ce dessein est le scarabée bombardier. Prétendre une telle qualité requiert une étude dudit scarabée bombardier et de ce que "dessein" peut bien vouloir signifier. Une étude attentive de ces questions révèle cependant que ce scarabée présente les preuves d'une évolution et défie sérieusement le concept de dessein.

Cet article prends d'abord le temps d'observer les scarabées bombardiers et ce qui les rends si spéciaux; ensuite il examine la question de comment ces derniers peuvent se rapporter aux différents concepts de dessein-- spécifiquement la complexité, le pattern, et le dessein proprement dit.

Que sont les scarabées bombardiers?

Les scarabées bombardiers incluent les scarabés coureurs des quatre tribus suivantes: Brachinini, Paussini, Ozaenini, et Metriini[Aneshansley et al, 1983]-- soit plus de 500 espèces réunies [Lawrence & Britton, 1991]. Le Genre Brachinus est le plus largement distribué.


Un scarabée bombardier. (Image de The Tree of Life).

Les scarabées bombardiers sont de remarquables créatures, méritant véritablement l'attention qu'elles ont recue. Elles doivent leur nom commun de cette capacité à se défendre de leurs prédateurs en tirant une substance toxique bouillante depuis des glandes spéciales de leur postérieur. Dans au moins une espèce le spray prend même la forme d'un jet pulsatile [Dean et al., 1990] (D'autres espèces vaporisent un jet continu, mais la plupart des espèces n'ont cependant pas été étudiées d'aussi prêt).

Le mécanisme de ce spray fonctionne comme suit: des cellules sécrètrices produisent des hydroquinones et de l'hydrogène péroxyde (ainsi que probablement d'autres substances, suivant les espèces), qui sont collectés dans un réservoire. Le réservoire s'ouvre par une valve controlée musculairement sur une chambre de réaction aux parois renforcées. Cette chambre est alignée de cellules qui elles sécrètent des enzymes catalases et péroxidases. Ainsi, quand le contenu du réservoire est propulsé dans la chambre de réaction, les catalases et les péroxidases dégradent rapidement l'hydrogène péroxyde permettant la catalyse oxydative des hydroquinones en p-quinones. Ces réactions libèrent du dioxygène et génère suffisemment de chaleur pour porter le mélange à son point d'ébullition tout en vaporisant prés d'un cinquième du mélange. Sous la pression des gaz ainsi libérés, la valve étant maintenue fermement fermée, les produits chimiques sont ainsi expulsés de facon explosive par une ouverture à la pointe de l'abdomen [Aneshansley & Eisner, 1969; Aneshansley et al, 1983; Eisner et al, 1989].

La plupart de la littérature créationiste donne une description erronée de ce phénomène. Basées sur une traduction admissiblement tendancieuse d'un article de 1961 par Schildknecht & Holoubek, [Kofahl, 1981] Duane Gish {l'originateur du pamphlet créationiste sur le scarabée bombardier, ndt} a prétendu que l'hydrogène péroxyde et les hydroquinones allaient exploser spontanément sans l'existence d'un inhibiteur, de sorte que le scarabée commencerait supposément par mélanger les trois composés avant d'y ajouter un anti-inhibiteur quand il souhaiterait une explosion [Weber, 1981]. En fait, les deux produits n'explosent tout simplement pas quand ils sont mélangés ensembles, comme d'autres l'ont démontré [Dawkins, 1987, p. 86-87]. (Schildknecht a émis l'hypothèse d'un inhibiteur physique qui empêcherait la mixture de se dégrader dans les scarabées non-disséqués; en réalité, la dégradation dont il fut témoin était probablement simplement le résultat d'une exposition à l'air.) Gish utilisait encore ce scénario erroné aprés avoir été corrigé par Kofahl en 1978 [Weber, 1981]. La même erreur caricaturale est répétée dans des livres par Hitching en 1981, Huse en 1983 et 1993, et également deux fois dans un magazine créationiste en 1990 [Anon, 1990a, b].

Dans un livre pour enfants, Rue fait un meilleur travail de description de la chimie impliquée mais a finalement tout de même le mécanisme physique faux à la place, prétendant que le liquide est tiré par la chambre de mise à feu mais n'explose pas avant la sortie du corps du scarabée...

" S'il explosait à l'intérieur, cela soufflerait n'importe quel scarabée bombardier en morceau"
[Rue, 1984, p. 23]

En fait, c'est bien parce que l'explosion se produit dans la chambre de mise à feu que cette force peut être dirigée vers une menace.

On peut s'étonner de quel poids peut bien peser un argument de dessein si les personnes qui le tiennent ne savent même pas de quoi le design supposé peut bien avoir l'air...

La "Complexité"

Le fait de savoir comment une chose a l'air ne nous dit rien de si elle présente effectivement un dessein/design; Pour cela, il faut tout d'abord savoir ce que dessein veut bien vouloir dire. Bien que ce terme soit rarement défini, l'aspect probablement le plus important du dessein, dés lors qu'il est en relation avec le créationisme, est apparemment "la complexité". Comme Richard Lumsden a dit,

Les systèmes qui sont d'une grande complexité, c'est-à-dire qui sont fonctionnellement intégrés en systèmes à composantes multiples, les systèmes qui sont d'une grande spécificité et ou si un seul ou seulement quelques uns des arrangements possibles de ces composantes fonctionnent, ainsi que les systèmes qui sont de faible probabilité, au moins en occurence spontanée... ceux ci sont la marque de systèmes d'ingénieurerie avec dessein objectif.[Lumsden, 1995]

Cepedant, la théorie de l'évolution permet également de produire la complexité, fonctionnellement intégrée, ainsi que les systèmes de faible probabilité, via une variation graduelle et la sélection. Par exemple, Darwin a expliqué comment, suivant sa théorie, quelques cellules photosensibles peuvent évoluer graduellement en oeils humains [Darwin, 1872, chpt. 6]. Pour que la complexité soit réellement un problème pour l'évolution, il faut montrer que ces propriétés ne peuvent pas être obtenues par un développement graduel. Michael Behe suppose une telle propriété avec le concept qu'il appelle Complexité Irréductible, qu'il définit comme

"Un système unique de plusieurs parties parfaitement correspondantes, de parties interagissant et qui contribuent à réaliser une fonction de base, au sein duquel le retrait de n'importe quelle partie cesse de faire effectivement fonctionner le tout."

[Behe, 1996, p. 39]

Bien que Behe laisse ouvertes les questions de savoir si les scarabées bombardiers sont irréductiblement complexes, Gish exprime le concept succintement et lui fait référence quand il dit:

"Comment allez vous pour expliquer cette évolution par sélection naturelle étape par étape? Cela est tout simplement impossible!"

[cité dans Weber, 1981]

Gish est tout simplement dans l'erreur: une évolution étape par étape du système du scarabée bombardier est en fait trés simple à imaginer. Le scénario présenté ci-dessous montre une évolution possible étape par étape du mécanisme du scarabée bombardier à partir d'un arthropode primitif.

  1. Les Quinones sont produites par des cellules épidermiques pour tanner la cuticule. Ceci existe fréquemment chez les arthropodes. [Dettner, 1987]

  2. Certaines de ces quinones ne sont pas utilisées, mais restent sur la surface de l'épiderme, donnant à l'arthropode un trés mauvais gout. (Les Quinones sont utilisées comme sécrétions défensives dans une grande variété d'arthropodes modernes, des scarabées aux mille-pattes. [Eisner, 1970])

  3. De petites invaginations se développent dans l'épiderme entre les sclérites (plaques de cuticule). En se tortillant, l'insecte peut faire presser plus de quinones à sa surface en cas de besoin.

  4. Les invaginations s'approfondissent. Des muscles sont déplacés tout autours progressivement permettant un rejet plus facile des quinones de certaines de ces invaginations. (De nombreuses espèces de fourmis ont des glandes similaires à celle ci par exemple, notamment au bout de leur abdomen. [Holldobler & Wilson, 1990, pp. 233-237])

  5. Une paire de ces invaginations (maintenant devenus des réservoires) deviennent si profonds que les autres sont inconséquents en comparaison. Ces derniers régressent progressivement vers l'état épidermique originel.

  6. Eisner, 1970, pour une revue.) Ceci aide ces insectes à se défendre contre les prédateurs, qui eux peuvent avoir évolué une résistance aux quinones. Un de ces composés est l'hydroquinone.

  7. Les cellules qui sécrètent les hydroquinones développent des couches multiples le long des parties du réservoire, permettant à plus d'hydroquinones d'être produites. Des canaux entre les cellules permettent aux hydroquinones de toutes les couches d'atteindre le réservoire.

  8. Les canaux deviennent un conduit, spécialisé pour transporter les produits chimiques. Les cellules sécrétrices se retirent de la surface du réservoire, devenant ultimement un organe distinct.

    Ce stade -- des glandes sécrétrices connectée par des canaux à des réservoires -- existent chez de nombreux scarabées. La configuration particulière des glandes et réservoires que les scarabées bombardier ont en commun est fréquente chez les autres coléoptères de ce sous-ordre [Forsyth, 1970].

  9. Des muscles s'adaptent, qui closent le réservoire, empêchant les substances de s'écouler quand cela n'est pas désirable.

  10. L'hydrogène péroxide, qui est un sous-produit commun du métabolisme cellulaire, est ensuite mêlé aux hydroquinones. Les deux réagissent lentement, de sorte qu'un mélange de quinones et d'hydroquinones devient alors utilisé pour la défense.

  11. Des cellules qui sécrètent de petites quantités de catalases et de péroxidases apparaissent le long du passage d'exsudation du réservoires, en dehors de la valve qui le ferme. Celles-ci permettent d'assurer que plus de quinones sont utilisées dans les sécrétions défensives.
    Les catalases existent dans presque toutes les cellules, et les péroxidases sont également communes chez les plantes, les animaux et les bactéries, donc ces composés chimiques n'ont pas besoin d'être développés à partir de rien mais tout simplement d'être juste concentrés à un endroit.

  12. Plus de catalase et de péroxidase sont produites, de sorte que la décharge est plus chaude et est éjectée plus vite par l'oxygène généré par la réaction. Le scarabée Metrius contractus illustre même l'exemple d'un scarabée bombardier qui produit une décharge brumeuse, mais aucun jet, depuis ses chambres de réaction. L'ébullition du liquide produit un fin brouillard[Eisner et al., 2000].

  13. Les parois de cette partie du passage d'expulsion deviennent plus fortes, permettant ainsi de supporter mieux la chaleur et la pression générée par la réaction.

  14. Encore plus de catalases et de péroxidases sont produites, et les parois s'épaississent et forment une chambre de réaction. Graduellement, celles ci deviennent le mécanisme d'aujourd'hui chez les scarabées bombardiers.

  15. La pointe de l'abdomen des scarabées devient quelque peu élongée et plus flexible, permettant au coléoptère de viser et d'orienter sa décharge dans de multiples directions.

Notez que toutes les étapes ci-dessus sont petites et peuvent même être divisées en étapes plus petites. Le mécanisme des scarabées bombardiers peut prendre origine par la simple accumulation de micro-évolution. De surcroit, toutes ces étapes sont probablement avantageuses, de sorte qu'elles peuvent parfaitement avoir été sélectionnées. Aucun évènement improbable n'est requis. Ainsi qu'il est remarqué, plusieurs de ces stades intermédiaires sont connus pour être viables du simple fait qu'ils existent dans des population actuelles.

Le scénario proposé ci-dessus est hypothétique; l'évolution factuelle des scarabées bombardiers ne s'est probablement pas déroulée exactement comme cela. Les étapes sont présentées séquentiellement par souci de clarté, mais ne nécessitent pas de s'être déroulées dans l'ordre donné. Par exemple, la fermeture du réservoire par les muscles (étape 9) peut avoir concourru simultanément avec chacune des étapes 6 à 10. Déterminer la séquence réelle du développement nécessiterait énormément plus d'effort de recherche au niveau de la génétique, de l'anatomie comparée, et de la paléontologie des scarabées. Le scénario montre en revanche que l'évolution d'une structure complexe est loin d'être impossible. L'existence de scénarios alternatifs ne fait que renforcer cette conclusion.

Quelques autres points concernat ce scénario méritent d'être soulignés:

  • Les parties d'un système complet n'ont pas besoin d'être créées spécifiquement pour ce système, et les caractéristiques utilisées pour un objectif peuvent être utilisées pour une autre fonction. Ainsi, les quinones servant originellement à noircir la cuticule ont été utilisées par la suite pour la défense. Les muscles qui controlent la valve et vident le réservoire peuvent trés bien être adaptés de muscles existant déjà dans l'abdomen du scarabée.

  • La complexité peut tout aussi bien diminuer qu'augmenter. Dans le scénario proposé, la plupart des invaginations dans lesquelles les quinones sont stockées ont par la suite disparues. Dans d'autres cas la structure peut originellement se développer avec une structure complexe la supportant, avant que cette dernière ne diminue ou ne disparaisse.

  • Deux parties voire plus peuvent évoluer trés finement à une certaine période en conjonction avec une autre partie. La puissance des parois de la chambre de réaction et la quantité de catalase ont augmenté ensemble. Une partie n'a pas nécessairement besoin d'être présente dans sa forme finale avant que l'autre partie n'existe.

Chacun des ces points rend possible l'évolution de la complexité, y compris de la complexité irréductible. De nombreuses personnes vont toujours avoir des difficultés à imaginer comment la complexité peut survenir graduellement. Cependant, la complexité dans toutes ses formes se produit constamment dans la nature; Les nuages, la formation de cavernes, et les flocons de neige ne sont que quelques exemples. Le point le plus important reste que la nature n'est pas contrainte par le manque d'imagination de quiconque.

Le Pattern

Un autre aspect du dessein/design est la vraisemblance d'une sorte de pattern. Une fois de plus, cependant, la théorie de l'évolution prédit également l'existence de patterns --en particulier, une organisation en hiérarchie emboitée des caractéristiques des organismes-- et c'est d'ailleurs le pattern que l'on observe. Par exemple, chez les arthropodes, les insectes possèdent un ensemble de caractères qui les distingue des autres arthropodes (six pattes, un corps en trois parties distinctes, une seule paire d'antennes, etc.); Parmi les insectes, les scarabées sont distingués par leur propre ensemble de caractéristiques; Chez les scarabées, le sous-ordre des Adéphages a également un ensemble unique de caractères; De la même facon, pour les scarabées courreurs au sein des Adéphages, des scarabées bombardiers étant aussi un de leur sous-ensemble, et ainsi de suite pour tous les sous-groupes en leur sein [Erwin, 1970]. Une telle organisation se rencontre non seulement lorsque l'on regarde les caractéristiques morphologiques, mais le même pattern apparait en reagrdant au niveau biochimique, embryologique, génétique, voire même comportemental. Bien qu'aucune étude exhaustive n'ait été menée sur les scarabées bombardiers, on peut prédire en toute confidence que les similarités génétiques vont s'apparier trés finement avec les autres similarités déjà établies pour d'autres caractères.

L'évolution fait également des prédictions concernant les patterns de distribution, avec les espèces ou groupes d'espèces les plus similaires entre elles qui sont localisés plus proches les unes des autres. De tels patterns sont bel et bien observés. [Erwin, 1970, pp. 184-208]

Le créationisme, quant à lui, au sujet du pattern/design, dit vraiment peu de choses, en dehors du fait que les formes similaires ont été créées pour des fonctions similaires, et que les différentes formes ont été créées pour des fonctions différentes [Morris, 1985, p. 70], ou, plus brièvement, que la forme précède la fonction. Cela, en revanche, ne décrit rien des patterns que l'on rencontre dans la nature.

Au contraire, la même fonction prend souvent différentes formes. De nombreux scarabées courreurs ont des habitudes et des habitats quasiment similaires aux centipèdes, mais les deux groupes n'ont cependant rien de semblable. Un groupe de scarabées bombardiers (les Paussines), utilisent le même mécanisme chimique pour tirer leur jet défensif tout comme d'autres scarabées bombardiers, mais ils ont une toute autre méthode de visée. En effet, alors que les scarabées bombardiers de la sous-famille des Brachinines ont leur glande qui s'ouvre à la point de l'abdomen et courbent simplement l'abdomen pour tirer, les Paussines quant à eux ont leur glande qui se trouve plus sur le coté, et ne tirent que du coté désiré de la chambre. Et s'ils souhaitent tirer vers l'avant, ils relèvent trés légèrement l'abdomen de sorte que l'ouverture se retrouve adjacente à une encoche sur leur élytre qui décoche le tir vers l'avant [Eisner and Aneshansley, 1982]. Les glandes pygidiales ne sont pas utilisées pour la défense seulement par les scarabées bombardiers mais par quasiment toutes les espèces dans le sous-ordre des Adéphages, même si la structure de ces glandes et les substances qu'elles produisent varient de facon significative entre les différentes familles et différents Genres de ces scarabées [Forsyth, 1970; Kanehisa & Murase, 1977; Moore, 1979; Eisner et al., 1977].

Inversement, la même forme est parfois utilisée pour différentes fonctions. Nous n'en connaissons pas de bon exemple au sein des scarabées bombardiers, mais les staphylins permettent de l'illustrer parfaitement. De nombreuses espèces de cette famille exudent des subtances défensives par la pointe de leur abdomen. Les scarabées du Genre Stenus font une toute autre utilisation de ces substances: lorsqu'ils sont menacés alors qu'ils paissent à la surface de l'eau, ils portent le bout de leur abdomen sur la surface du liquide. Les substances chimiques disruptent la tension de surface, ce qui propulse rapidement les scarabées jusqu'à plusieurs mètres de distance[Eisner, 1970, p. 200].

Finalement, certaines formes n'ont pas de fonction. Certaines espèces de scarabées bombardiers (ainsi que de nombreux autres insectes à ce sujet) ne peuvent pas voler mais ont des ailes vestigiales [Erwin, 1970, pp. 46, 55, 91, 114-115, 119]. Certains argumentent que ces bouts d'ailes ont une fonction encore inconnue qui reste à préciser, mais même en faisant l'hypothèse que ce soit effectivement le cas et qu'une fonction soit finalement identifiable pour toutes les paires d'ailes vestigiales, la situation ne fait que changer l'argument dans le cas précédent ou différentes fonctions sont assumées par la même forme.

Les créationistes proclament également que les formes de vie ont été créées en "types" distincts, mais ces fameux types refusent de prendre aucune forme tangible. En effet, les différentes espèces ne sont jamais complètement isolées du point de vue reproductif. Certaines espèces de scarabées bombardiers sont même si similaires que même des experts ont du mal à les distinguer. A de plus hauts niveaux de classification, il est en revanche fort facile d'identifier des groupes qui sont isolés de facon complètement non-ambigue, mais ces groupes sont toujours organisés par emboitement les uns au sein des autres (une conséquence attendue sous l'hypothèse de la communauté de descendance), de sorte qu'il devient tout à fait arbitraire d'identifier des "types" à étiqueter à ces groupes. Pourriez vous identifier des "types" respectivement avec des espèces , des groupes d'espèces, des sous-Genres, des Genres, des sous-Tribus, des Tribus, des Divisions, des Familles, des Ordres, des Phylums ou un quelquonque niveau systématique entre ces niveaux? Si vous décidez qu'un certain degré de variation est acceptable au sein d'un type, il devient impossible de définir un regroupement naturel qui n'incluse de variation légère et par conséquent puisse être atteint par de la simple micro-évolution. Peut être bien que la meilleure preuve de l'absence de types naturels est justement l'incapacité des créationistes eux-mêmes à définir ce qu'ils veulent dire.

En résumé, les patterns de similarité et les différences observées dans la nature sont juste ce que l'on s'attend à observer dans l'hypothèse de descendance avec modification; Ils ne correspondent absolument pas à ce que l'on devrait voir dans une création ou la forme précèderait la fonction. Les "types" sont arbitraires et ne sont qu'une convenance d'usage créée par l'homme; Ils ne peuvent pas être déterminés en se basant sur la nature.

Le Dessein

Pour finir, un dernier aspect du Design est le dessein. Mais un dessein peut être bien plus difficile à distinguer qu'un simple Design ne le serait. Il peut paraitre évident que le dessein du mécanisme de défense des scarabées bombardiers est de les protéger contre les prédateurs -- et en effet, il est efficace en tant que tel [Eisner, 1958]-- mais il s'agit purement de notre regard; Sans lire dans l'esprit du scarabée, nous ne pouvons pas savoir quel est ce dessein. En fait, ce mécanisme n'est trés probablement rien de plus qu'un réflexe, puisque les scarabées bombardiers ne tirent pas toujours sur certains prédateurs (comme leur collecteurs humains), tandis qu'ils tirent sur certains non-prédateurs (comme des paires de pinces tenues par un expérimentateur). Ultimement, les déclarations de dessein ne sont que des déclarations de nos propres croyances et rien de plus.

En outre, un semblant de dessein est parfaitement consistant avec la théorie de l'évolution. La théorie affirme que les organismes qui survivent sont ceux qui développent des stratégies à succès; ceux qui ont hérité des stratégies vouées à l'échec ne sont plus autours de nous. Parce que ces stratégies gagnantes ont réussit, elles nous paraissent avoir le dessein de ce à quoi elles ont réussit. La défense des scarabées bombardiers ne fonctionne pas parce que cela est son dessein, mais au contraire, nous lui attribuons ce dessein parce que cette défense fonctionne.

Certaines personnes affirment la croyance selon laquelle la défense des scarabées bombardiers, qu'elle soit un réflexe ou non, démontre le dessein de Dieu. Mais déclarer connaitre l'esprit de dieu est une forme d'arrogance. La bible stipule clairement (for example, Job 37:5, Eccl. 11:5, Is. 55:8) par exemple que nous ne pouvons comprendre le dessein de Dieu [à supposer qu'il y en ait un, ndt].

Pour de nombreux créationistes, l'idée même de dessein aboutit à une contradiction inextricable. Ils affirment que le mécanisme de défense des scarabées bombardiers illustre un dessein, mais lequel? Ils prétendent également que la mort ne faisait pas partie intégrante de ce dessein à l'origine, mais provient ultérieurement du péché originel [Morris, 1985, p. 211]. Si la défense des scarabées bombardiers était part intégrante de la création originelle, alors elle n'avait pas de dessein; si elle est survenue ensuite, alors elle n'avait pas de design. Et ce problème ne se limite pas qu'au mécanisme de défense : tous les scarabées bombardiers sont des prédateurs, et sont donc des agents de mort. Même en tant que larves ce sont prédateurs; au moins deux espèces sont des ectoparasites de la pupe d'autres scarabées, dévorant et tuant ultimement leur hote sans recours [Erwin, 1967]. Cet aspect précis de la vie des scarabées a-t-il été part intégrante du dessein avec les autres aspects du scarabée?

Autres Commentaires

Afin de pouvoir dire si quelquechose relève d'un dessein, on se doit de distinguer ce qui en est un de ce qui n'en est pas. Cela pose immédiatement la question de ce qui n'a pas de dessein. Si vous croyez que Dieu a tout créé, alors rien ne possède pas de dessein, et les déclamations que tout présente une apparence de dessein tombe faute de comparaison. Alternativement, il est toujours possible de prétendre que seules certaines parties de l'univers ont ce dessein divin.

Conclusions

Est-ce que les scarabées bombardiers semblent présenter un dessein? Oui, et ils semble d'ailleurs bien trouver origine dans l'évolution. Leurs caractéristiques, comportements, et distributions géographiques correspondent parfaitement aux sortes de patterns que l'évolution produit. Personne n'a encore jamais rien rencontré chez les scarabées bombardiers qui soit incompatible avec l'évolution.

Cela ne veut pas dire, bien évidemment, que nous connaissions tout de l'évolution des scarabées bombardiers, loin de là. Mais les fossés dans notre connaissance ne doivent pas être pris pour plus significatifs qu'ils ne sont. Certains sont apparemment inconfortables avec l'idée d'incertitude, si inconfortables qu'ils tentent de transformer l'inconnu en inconnaissable. Il n'y a jamais eu la moindre preuve que les scarabées bombardiers ne puissent pas avoir évolué, mais seulement parce qu'ils n'arrivent pas à se représenter qu'ils le puissent, tout simplement sautent à la conclusion qu'une telle explication est impossible. en fait, leur conclusion en dit bien plus long sur eux que sur les scarabées. Tirer une telle conclusion basée sur une simple ignorance est d'une telle arrogance...

Est ce que l'évolution disqualifie un Designeur Intelligent? Beaucoup de gens rejette l'idée d'évolution parce qu'ils pensent que cela retire le role [éventuel, ndt] que Dieu a joué dans la création de la vie. Cela n'est le cas, cependant, que pour les gens qui requièrent au concept de dieu de concorder avec certaines idées préconcues de ce que le "Dessein Intelligent" doivent signifier. Des millions de personnes tout autours du monde n'ont aucun problème à croire en dieu et à accepter l'évolution en même temps [que j'aimerais partager cet optimisme! ndt]. L'évolution ne contredit que le dieu créé par l'homme et qui opère sous des contraintes imaginées par l'homme.

Finalement, ils convient de se souvenir que les arguments utilisés ici s'appliquent à bien plus que seulement les scarabées bombardiers. Les créationistes ont argumenté en faveur du semblant de dessein pour tout, du flagelle des bactéries jusqu'à la métamorphose des papillons. Ces arguments comportent tous les mêmes erreurs; ils sont basés sur une combinaison d'ignorance combinée à un concept de dessein qui ne saurait se distinguer de l'évolution. Si la moindre forme de Design incompatible avec l'évolution était découverte en biologie, personne ne serait plus excités que les biologistes professionnels. Mais jusqu'à maintenant rien de tel n'a été découvert.

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Références

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