L’hérédité est la question qui a le plus été débattue, avant et après Darwin, jusqu’à la naissance de la génétique et son acceptation progressive à la suite de ses confirmations grâce au progrès de la cytologie et de la découverte des chromosomes et de leur rôle. Ce point central de la biologie a été à l’origine de multiples théories, dont voici celles qui aujourd’hui peuvent paraître les plus curieuses : les écoles préformationnistes qui pensaient que les générations s’emboîtaient depuis le commencement des temps et qu’elles préexistaient donc toutes depuis le début de la vie, soit dans les ovules (préformationnistes de tradition oviste), soit dans les spermatozoïdes (préformationnistes de tradition spermatiste, opposée à la précédente).
D’autres théories ont été bien entendu proposées tout au long de l’histoire, multipliant les écoles de pensée et les présupposés sur le sujet. Nous n’allons discuter ci dessous que des idées qui prévalaient encore du temps de Darwin, et celles qui sont survenues par la suite. Comment se transmettent les informations parentales nécessaires à l’élaboration d’un organisme enfant ?
Les traditions vitalistes, liées à une perception essentialiste et typologique du vivant devaient perdre du terrain au regard du développement des pratiques physiologiques comme celle impulsée par Claude Bernard. En plein de renouveau expérimental, ces explications étaient plus ou moins en voie d’être abandonnées. L’approche naturaliste de Darwin ne le prédisposait pas à aborder directement le sujet de l’hérédité. Sa théorie postulait l’existence de variants dans les populations, les différences existant entre les individus étant par la suite soumise à la sélection naturelle. Il opta pour les deux conceptions en vogues à l’époque à propos de l’hérédité.
Ces conceptions sont celles qui ont été le plus discutées à la suite de la parution de « l’origine des espèces ».
- l’hérédité par mélange (ci à droite, en haut)
Il était fréquent de penser à cette époque que les caractéristiques des enfants représentaient un mélange de celles héritées des parents.
On admettait que ces caractéristiques étaient strictement moyennées, et cela fit l’objet de l’une des objections à la théorie darwinienne :
si l’hérédité s’effectue par mélange, alors les caractéristiques de la descendances sont moins importantes que celles ayant favorisé la
survie des parents et l’avantage obtenu par sélection d’une variation se perdent par dilution au fil des générations.
- l’hérédité des caractères acquis (ci à droite, en bas)
Une deuxième conception de l’hérédité était souvent mise sur le même plan, celle de l’hérédité des caractères acquis. Cette idée était par
exemple un des piliers de la théorie de Lamarck, mais cette idée ne lui est peut être pas propre et était très répandue au XVIIIème siècle.
Toujours est-il qu’on la retrouve à l’ordre du jour, y compris chez Darwin pour qui la réintroduction de la variation devait trouver une
explication.
August Weisman (1834 -1914) est l'un de ces nombreux biologistes à s'être impliqué les controverses de l'après Darwin. L'époque est tumultueuse, les
théories s'élaborent, les écoles s'affrontent. La thèse de l'hérédité des caractères acquis, que Darwin avait fini par admettre au sein de sa
théorie, est alors encore répandue.. On doit à Weisman sa réfutation. A cette époque, les progrès techniques autours du microscope et des
colorations permettent une connaissance de plus en plus précise de la structure des organismes au niveau microscopique. On constate notamment
que tous les êtres vivants sont constitués d'une cellule, les animaux comme les plantes, ce qui donne le sentiment d'une réelle unicité du vivant
(argument qui sera d'autant plus irrémédiable à partir de la découverte que l'ADN est le matériel héréditaire et qu'il est universel chez les êtres vivants).
En effet, Weisman prend conscience de la difficulté que pose cette conception --l'hérédité des caractères acquis-, alors qu'il travaille sur la longévité : comment l'organisme
qui voit sa vie prolongée peut-il transmettre ce caractère acquis après sa reproduction? Le déterminant de la longévité doit forcément se
transmettre avant que l'effet se produise. L'apport de Weisman repose sur une argumentation forte et implacable, mais également avec le doute
naissant, aucune des tentative de montrer une hérédité réelle des caractères acquis n'apporte de résultats probants.
Weisman introduit également l'idée d'une spécialisation des lignées cellulaires : une lignée de
cellules impliquées dans la reproduction, appelée lignée germinale ou germen, responsable de la production des gamètes a maturité ; et
une lignée somatique représentée par le reste des cellules corporelles. Cette idée aura été une prémonition astucieuse, puisqu'elle s'est avérée
parfaitement exacte par la suite, lorsque le rôle des gamètes aura été percé.
Ces premiers arguments à l'encontre de l'hérédité des caractères acquis eurent un certain poids dans la communauté scientifique, jusqu'à ce qu'une expérience invalide complètement ce concept. Cette réfutation expérimentale eut lieu en 1909, de la part de Castle & Philips, qui transplantèrent les ovaires immatures d'une femelle cobaye noire à une femelle albinos : si l'hérédité devait se transmettre par « diffusion » des caractéristiques de l'organisme (ces caracéristiques pouvant être influencées par l'environnement, la diffusion en étant le relais pour l'hérédité), on devait s'attendre à obtenir des portées albinos. Ce n'est évidemment pas le cas, donc les informations phénotypiques sur l'organisme, pour influencées qu'elles soient par l'environnement, ne sont pas héréditaires...
<--Les descendants laissés par les parents en possèdent toujours des caractéristiques. Il n'était pas alors bien su dans quelle mesure ces caractéristiques résultaient d'un mélange des parents ou de leur « juxtaposition ». D'autre part, deux écoles voyaient l'hérédité de deux façons qui étaient considérées comme en contradiction à cette époque. Certains privilégiaient une hérédité quantitative, qui offrait une variation de type continue (par exemple la taille des individus), et qui était fidèle à l'idée qu'en avait Darwin. D'autres ont privilégié une hérédité discrète, qui rangeaient les variations en catégories précises et facilement définies, considérant que la variation continue n'était que le résultat de modifications aléatoires dues au milieu et sans incidence héréditaire. Plus généralement, les partisans d'une hérédité discrète ont souvent rejeté l'idée de la sélection naturelle, préférant donner à l'apparition de variations discrètes soudaines un rôle souverain dans l'évolution. Ils furent donc plutôt des opposants à la théorie darwinienne (mais pas au phénomène de l'évolution, tenue pour valide). Nous allons présenter succintement ces deux traditions qui se sont livrées à un débat acharné au début du XXème siècle :
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Parmi la tradition quantitativiste de l'hérédité figurent tous les naturalistes, habitués à rencontrer une variation continue au travers de leurs
sujets d'étude. Etant donné le divorce actuel entre sciences naturelles et biologie moderne (essentiellement concentrée sur la dissection du
fonctionnement des organismes au niveau cellulaire), peu de ces naturalistes sont connus aujourd'hui.
Mais les partisans d'une hérédité quantitative ont également bénéficié d'illustres scientifiques (Galton, Pearson, etc), ayant fondé une
science nouvelle : la biométrie. Cette science aura notamment pour vocation de se spécialiser sur des questions agricoles et donner les outils
traditionnels d'amélioration des plantes et des cheptels. Elle continue d'avoir une importance fondamentale aujourd'hui.
Francis Galton est un cousin de Charles Darwin. L'hérédité darwinienne repose sur l'idée que la variation est faible et continue, ainsi qu'on l'observe sans mal pour de nombreux caractères, aujourd'hui dits "quantitatifs". Galton s'attache à percer le secret de cette hérédité. Son travail porte avant tout sur le développement d'une nouvelle discipline : la biométrie. Ses travaux sont repris par Karl Pearson qui en sera pendant longtemps le chef de file.
Si Galton, au cours de ses travaux et réflexions, avait fini par pencher en faveur de variations brusques susceptibles d'établir un nouvel équilibre pour les caractères sous sélection, afin de trouver une réponse à la régression vers la moyenne qu'il avait décelé dans ses expériences, l'école de biométrie se trouvera être une adversaire acharnée du mendélisme et du mutationnisme dans le débat autours de l'hérédité.
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Le mystère de l'hérédité est finalement percé par Mendel, un moine morave s'intéressant aux phénomènes d'hybridation, un peu après la
publication de « L'origine des espèces ». Mendel est en effet finalement le scientifique qui formalisa les règles régissant l'hérédité.
Dans le jardin du monastère de sa ville de Brühn où il officiait, Mendel hybride des variétés de pois et analyse les descendances qui en
résultent, durant près d'une douzaine d'années.
Il reformule certaines lois connues des naturalistes et des personnes travaillant sur l'hybridation, notamment l'homogénéité des descendants
à la première génération d'hybridation (appelée conventionnellement F1, ce phénomène est d'ailleurs décrit par Darwin à propos de ses élevages
de pigeons) mais découvre surtout les rapports numériques prédictibles qui se cachent derrière la transmission des caractères d'une génération à l'autre.
On peut résumer cet apport scientifique considérable en trois grandes lois :
Loi de l'uniformité de la première génération
Dans une descendance entre deux parents qui diffèrent pour un caractère, la première génération est homogène pour le caractère (s'il s'agit d'une
des formes parentales, on parlera de dominance pour celle qui s'exprime, et de récessivité pour celle qui n'est pas exprimée ; si le caractère est intermédiaire
entre les formes parentales, on parlera de co-dominance). Cette loi est connue des scientifiques depuis quelques temps sans avoir été pour autant
particulièrement étudiée.
Loi de ségrégation, également connue sous le nom de Loi de pureté des gamètes
Cette loi décrit le retour aux types parentaux des descendants entre hybrides de la première génération lorsqu'ils sont croisés entre eux (ainsi que la ségrégation
des caractères, qui peuvent aboutir à des combinaisons de caractères qui n'existaient pas chez les variétés parentales, cf loi suivante). C'est cette
règle qui lui inspire le concept "d'entités" héréditaires qui déterminent les caractères, transmises au travers des générations, et qui sont
aujourd'hui appelées gènes (Mendel ne différenciait pas encore, ainsi que ses contemporains, le caractère lui même et les gènes qui
en sont à l'origine).
Loi d'indépendance dans la ségrégation des caractères
Mendel remarque également que les variétés qu'il croise produisent aussi dans leur descendance des individus ayant une caractéristique de l'un combinée
à la caractéristique de l'autre pour un autre caractère. Ces ségrégations permettent également de faire des prévisions sur les proportions attendues
dans une descendance. Cette règle comporte en fait de nombreuses exceptions, la plus fréquente étant que les gènes variants impliqués dans la réalisation
du caractère ne soient pas indépendants (l'explication la plus probable traduit ce cas par la localisation des gènes sur le même chromosome, et ils ne sont
donc réassortis que lors d'un crossing over).
Un concours de circonstance à la fois heureux et malheureux est à l'origine de cette découverte fondamentale qui donnera naissance à une nouvelle science, la génétique. En effet, Mendel a d'abord eu la chance de choisir le pois comme matériel d'étude. Cette espèce, autogame (càd s'autofécondant elle-même), a un système reproducteur qui réduit les risques de contamination par du pollen extérieur. La méticulosité de Mendel a également permis de réaliser ces travaux d'hybridation avec le plus grand soin et également chez une plante présentant aussi une grande diversité liée à son utilisation agricole. Cependant, Mendel a volontairement choisi de retenir les caractères qui se comportaient de façon simple. Ceci lui a bien permis de découvrir ces fameux rapports numériques stables, mais cela a également joué un rôle négatif par la suite : étant donné les nombreuses circonstances où les plantes d'autres espèces ne se comportent pas ainsi pour de multiple raisons, cela laissait supposer que ces découvertes n'étaient pas généralisables, et finalement n'étaient peut être que des exceptions. C'est ainsi que Mendel, travaillant sur le millepertuis sur la suggestion de Nägeli, botaniste très en vogue à cette époque, n'arriva pas à reproduire ses résultats initiaux (la raison en était que le millepertuis alors utilisé se reproduisant par apomixie, c'est à dire qu'il ne procédait pas à une reproduction classique mais que les graines produites sont des copies conformes du génome parental).
De ce fait, les travaux de Mendel n'ont pas convaincu beaucoup à leur publication, et pire, cette façon d'envisager l'hérédité, avec une participation réciproque et égale des parents, n'était pas du tout envisagée. L'impact réel des travaux de Mendel n'a commencé qu'à partir du moment où ces proportions (3 pour 1) dans les descendances, furent retrouvées indépendament et que ses travaux furent redécouverts au tout début du XXème siècle. Sans entrer dans les détails, cela est dû à Hugo DeVries, un botaniste hollandais, puis ensuite à Bateson, qui affina les concepts de la génétique naissante et notamment appela les entités héréditaires du nom que nous leur connaissons aujourd'hui, les gènes. La démonstration de la validité et l'universalité du mendélisme ont par la suite mis fin à l'idée de l'hérédité par mélange : si l'hérédité se fait de façon particulaire, ce qui est hérité ne fusionne et ne se mélange pas.
<--L'école mutationniste trouve sa voie avec la découverte de multiples exemples d'hérédité discontinue. L'idée que l'évolution des formes vivantes advient par sauts qualitatifs multiples prends racine. Ses principaux défenseurs sont W. Bateson, ainsi que Hugo de Vries qui exhume les travaux de Mendel. Le mendélisme renaît de ses cendres, et la génétique va devenir en pas moins de deux décennies une science à part entière.
Le mutationisme est l'origine de plusieurs nouveaux concepts autours de l'évolution. Ces derniers vont lancer une série de débats dont certains ressortent aujourd'hui encore sous des formes renouvelées. Tout d'abord, il en vient à proposer une nouvelle force évolutive, la « mutation ». Cette force est amenée à prendre un temps le relais de la sélection naturelle pour expliquer l'évolution des organismes, en particulier parce qu'elle propose aussi une explication à la variation naturelle : la variation résulte de la mutation, qui produit de nouvelles formes dans le monde vivant. Mais cette école de pensé va également prendre le contrepoids de l'idée typiquement darwinienne (de l'époque), selon laquelle les changements évolutifs sont graduels, et proposer que l'évolution puisse se faire par saut, sous l'effet de l'apparition des mutations. Il est même envisagé que la naissance des espèces se produise aussi ainsi. C'est l'idée du « monstre prometteur », des espèces nouvelles peuvent naître lorsque des mutations avantageuses nouvelles apparaissent. (Cette théorie survie aujourd'hui au travers des récits de science fiction, et des multiples «mutants» qui les hantent. J'ai illustré cette idée par ces deux ficaires dont un porte vraisemblablement une mutation de développement à fort effet ci à droite, c'est à dire un mutant de la plus pure tradition...). L'opposition avec l'école biométricienne des hypothèses sur l'hérédité est donc très marquée.
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Johansenn est un scientifique mutationiste dont l'apport est la distinction faite aujourd'hui entre le génotype, c'est à dire les gènes portés par l'individu, et le phénotype, qui
est le caractère développé par celui ci. Son étude est aujourd'hui classique, d'un point de vue historique, même si elle est relativement peu connue.
Johansen a travaillé sur une
population-variété de haricots différents par la taille (représentés par des ellipses vertes sur la figure ci contre). Il a constaté qu'en resemant les individus les plus petits d'un côté,
et les individus les plus gros de l'autre, il était parvenu à constituer deux populations différant en moyenne pour la taille du fruit. Quand il recommençait les générations suivantes,
en revanche, il ne produisait pas de nouvelles populations mais retrouvaient ces deux populations, l'une "petite" et l'autre "grande".
Il en déduit fort à propos que les variations de taille de la seconde génération étaient d'origine environnementale et non transmises à la génération suivante, tandis qu'il existait dans la population initiale un facteur héréditaire qui lui avait permis de produire ces deux groupes différants, c'est à dire une mutation. Il convenait donc de distinguer les facteurs héréditaires (génétiques) des facteurs environnementaux contribuant à la réalisation du caractère.
Dans l'esprit de Johansenn, cela constituait une preuve que la variation quantitative ne pouvait être à l'origine de l'évolution des êtres vivants, puisqu'elle se limitait à produire une variation non-héréditaire du phénotype (caractère observé). La mutation se devait donc d'être la force à l'origine du changement réel des êtres vivants. En réalité, le phénomène est plus nuancé que cela (les caractères quantitatifs sont parfois tout de même héritables), mais cet argument a eu un certain impact dans le débat.
<--Par la suite, de nombreux caractères étudiés ont confirmé la génétique mendélienne. On ne connaissait encore rien des molécules responsables de l'hérédité (ADN), mais on commençait à découvrir les fabuleuses lois de l'hérédité... Les progrès de la cytologie et les premiers balbutiements de la biochimie ont permis d'autrepart d'identifier le noyau, sa composition, et notamment de curieuses structures cellulaires, les chromosomes. Le rapprochement sera bientôt suspecté entre ces structures et l'hérédité, malgré une pléthore de théories alternatives et propositions différentes. Avec les progrès de la génétique, il apparaît que les gènes sont liés en groupes, et que le nombre de ces groupes correspond aussi au nombre de paires de chromosomes d'un organisme (cela était possible pour les modèles d'étude avec un faible nombre de chromosomes, mais le choix de la drosophile, par exemple a permis de suspecter ce lien).
C'est au chercheur Thomas Morgan et à son équipe que l'on doit la naissance de la cartographie des gènes. Choisissant de travailler sur la Drosophile, petite mouche d'élevage facile, ses résultats de croisements multiples entre souches présentant diverses mutations (en particulier celles concernant la couleur des yeux ) le convertissent rapidement à la théorie mendélienne alors qu'il lui préférait encore l'induction par le milieu. Le faible nombre de chromosomes de la Drosophile l'amène également à travailler sur la liaison entre les gènes. L'observation des chromosomes géants que l'on trouve dans les glandes salivaires de ces insectes permet aussi d'envisager un lien entre ces structures nucléaires fugaces et l'arrangement entre les gènes. La découverte des échanges de fragments entre paires de chromosomes (crossing over) vient compléter les séries d'observations et d'expériences et le tout s'échaffaude progressivement en une théorie unifiée de la génétique avec la publication en 1926 de "The Theory of the Gene". Les tenants de la théorie mendélienne, forts des résultats de leurs expérimentations, ont désormais beaucoup de recul vis à vis de la théorie darwinienne et en particulier de la sélection naturelle, qui a perdu toute fonction créatrice de diversité se trouve reléguée au rang de causes biologiques mineures.
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Cette controverse au sujet de l'hérédité quantitative n'a pris fin qu'assez tardivement (entre les deux guerres mondiales), quand on a réalisé qu'un caractère
quantitatif pouvait très bien être le résultat de la somme d'un grand nombre de gènes à petit effet : ces gènes peuvent suivre les lois de mendel, être affectés
de même par des mutations, et produire un caractère réparti de façon gaussienne. C'est effectivement ce qui se passe, car de nombreux caractères quantitatifs, quand
bien même il existe une forte influence de l'environnement, ont également une composante génétique et sont héritables.
Ce débat à propos de l'hérédité, qui est le premier grand débat scientifique réel qui a suivit la théorie de Darwin, montre que si l'idée de l'évolution a
été rapidement acceptée par les biologistes et les naturalistes, il fallait découvrir à la fois les lois naturelles qui gouvernent l'hérédité, mais également
celles qui président à la variation qui permets l'évolution... Ce débat a fini par aboutir à la théorie synthétique, qui rassemble les idées darwiniennes sur l'évolution
et la génétique mendélienne :
Ce nom est donné à la théorie proposée à partir de 1930 par Theodosius Dobzhansky, Ernst Mayr et George Simpson, et
qui consiste en la réaffirmation du concept de sélection naturelle telle qu'elle avait été donnée par Darwin, et son regroupement avec les
nouvelles données de la génétique mendélienne instaurant ainsi une théorie valide de l'hérédité.
Cette théorie est toujours le paradigme de l'évolution prédominant aujourd'hui dans la communauté scientifique, même si de nombreux points
de débat ont contribué à l'enrichir de pondérations variées (que cette page a le mérite de détailler de manière intéressante, bien
qu'orientée dans le contexte du faux-débat sans cesse imposé par les créationnistes) : importance des mutations et de leurs effets rôle de la
dérive, de la structure des populations et de leur démographie, des contingences et des contraintes dans la phylogénèse, etc.
L'hérédité et la source de la variation a donc été les axes de recherche conséquents à l'acceptation de l'évolution. Sur ce plan, les débats, les arguments, les expérimentations et les théories qui ont suivies ont été fondamentales et intensives. Les échanges ont parfois été virulents, entre les tenant de certaines écoles théoriques... Mais le débat est toujours fécond en sciences, puisqu'il pose clairements les questions et nécessite d'y répondre par l'expérimentation ou les observations... Aujourd'hui, cette question de l'hérédité n'est plus un débat en lui même. Lui a succédé en revanche un autre débat dont certains points ne sont pas encore complètement résolu, même si le consensus tend à s'établir. C'est ce que nous allons voir dans la partie suivante : le débat sur les forces évolutives...
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