Botanique

Quelques orchidées européennes



Orchidée polynésienne

Orchidée d'Afrique du Sud

Les Orchidées (Orchidaceae) forment l'une des familles les plus imposantes des Monocotylédones, et riche d'entre 18000 et pas moins de 28000 espèces, elle représente à elle seule près de 10 % du nombre total des espèces végétales recensées à l'heure actuelle. En outre, elles représentent un groupe extrèmement diversifié et méritant probablement une médaille d'honneur en innovation écologique, que ce soit pour les symbioses mycorrhiziennes qu'elles établissent avec des champignons, ou l'incroyable disparité de leur mode de pollinisation et leur spécialisation dans le mimétisme d'autres espèces végétales ou encore d'insectes dont les mâles qui n'y voient que du feu et prennent leurs fleurs pour des femelles de leur espèce. Bref, que ce soit en imitant des fleurs qui produisent du nectar quand elles n'en produisent pas, ou bien qu'elles se fassent passer pour des insectes, les orchidées ont une main de maître et de subtils subterfuges dans l'art de berner leurs pollinisateurs.Et pour ne rien gâter, leurs fleurs sont effectivement merveilleuses. Voici sur cette page un petit tour des espèces d'orchidées européennes les plus répandues...


Ophrys apifera


Dactylorhiza maculata, le dactylorhize maculé


Dactylorhiza maculata

Cette espèce forme, avec Dactylorhiza fuchsii, deux espèces morphologiquement distinctes sur une partie de leurs aires de répartition (elle sont semble-t-il très distinctes au Nord de l'Europe, en Angleterre et en France), tandis qu'elle fusionnent et s'hybrident dans les régions du centre de l'Europe, en produisant tout un cline d'hybrides tout du long des zones de contact (présentes et passées, ce qui rend les choses plus complexes encore puisque les populations hybrides peuvent subsister longtemps après que les parents aient disparu), rendant l'exercice d'identification périlleux pour n'importe quel professionnel en titre.

Un véritable complexe d'espèces et de variétés issu d'un mélange bien soigné et obscurci par la présence de tétraploïdes (chromosomes rangés par groupes de 4 au lieu d'aller par paires classiques) dispersés au petit bonheur la chance au gré del'aire de répartition. Ainsi, en plus d'hybridations récurrentes entre ces deux espèces ou leurs variants, lorsque les biotopes se juxtaposent, les variations de ploïdie viennent brouiller les pistes. Ce spéciment a été observé en Italie, et appartient bien au complexe maculata, mais je ne m'aventurerais pas plus loin pour oser une identification plus précise... Cela nécessiterait un regard d'expert que je n'ai malheureusement pas.

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Orchis mascula, l'orchis mâle


Orchis mascula, Touraine

Une charmante orchidée d'un rose-fuchsia éclatant. Elle est également abondante, en particulier à l'ouest de son aire de répartition, dont justement le spéciment ci à gauche provient (la plante a été photographiée en Bretagne, au coeur des terres). Mais on peut la retrouver un peu partout et jusqu'au coeur de l'Europe (à droite, une plante de Touraine, plus haute et plus violacée).


Orchis mascula, Bretagne

Son nom, elle le tient de ses tubercules souterrains, qui pour être évocateurs ont choisi d'être éloquents... En réalité, cette forme caractéristique n'est pas propre seulement à cet orchis, mais à grand nombre d'orchidées présentées sur cette page. Au moyen âge, l'appellation commune des orchidées avait une résonnance un peu moins poétique, et selon certaines théories en vogue à l'époque (projetant les propriétés en fonction des formes évoquées par les organes végétaux), on leur prêtait des vertus aphrodisiaques. Pour peu, on aurait pu affabuler juste un peu plus loin et prétendre avoir découvert le père des mandragores...

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Traunsteria globosa


Traunsteria globosa

Ce genre regroupe deux espèces, toutes deux assez similaires, mais se distingant notamment sur la couleur des fleurs, T. globosa varie de rose à lila, tandis que T. sphaerica est jaune pâle ou crème. Ces deux espèces ne s'hybrident pas entre elles et sont très bien isolées l'une de l'autre. Une de leur caractéristique étonnante, notamment pour Traunsteria globosa, est leur ressemblance avec l'inflorescence de certaines espèces d'ail. C'est un détail amusant... Saura-t-on ré-affirmer pour autant le vieil adage selon lequel les gens préfèrent l'original à la copie? Cela dépend certainement de la préférence gastronomique ou botanique de tout un chacun. Peut être qu'il existe tout de même un avantage à être une orchidée : celui de se faire pardonner jusqu'à un plagiat de cette sorte. Rien que pour sa parure a ce qu'il paraît!

Une fois de plus, une fleur aussi délicieuse que saurait l'être une orchidée ne fait guère mieux que la ciboulette de nos jardins. Ces deux espèces sont des espèces de montagne, et des pâturages en particulier. Elles sont cependant assez peu répandues, voire même assez rares (encorefaudrait-il ne pas les confondre avec un oignon;).

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Gymnadenia conopsea


Gymnadenia conopsea

Une petite orchidée de montagne, très variable du point de vue de sa morphologie, de la taille des inflorescences et de la couleur des fleurs, parfois rose pâle et crémeux ainsi que cette photo le montre (mais c'est en fait une variation plutôt rare), ou bien déclinant les roses jusqu'au lila intense. Elle est relativement abondante, surtout en altitude, et a une aire de répartition très vaste, allant jusqu'en Chine, où elle se fragmente en multiples variétés locales, dont certaines sont caractérisées par un état tétraploïde -ce qui leur ferait peut être mériter le statut d'espèce à part entière.

L'épithète spécifique qu'elle arbore (conopsea), est peut être plus joli latinisée que ce que sa traduction laisse entendre : conopsea signifie en effet « qui a l'apparence d'une mouche ». Encore un nom qui réserve bien des surprises... Du moins, l'habit ne fait pas le moine, car même en redoublant d'imagination, il faut écarquiller l'oeil pour imaginer de telles mouches. A moins qu'il n'y ait d'habitués aux mouches roses? Cela existe déjà pour les éléphants, alors pourquoi pas...

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Cephalanthera damassonium, le Céphalanthère pâle, et C. longifolia, le Céphalanthère à longues feuilles


C. damassonium

Deux espèces assez proches, qui fleurissent en blanc, trés élégamment, avec une petite pointe de jaune doux au coeur des fleurs. Elles occupent toutes deux les sous-bois et vivent en groupes un peu légèrement très dispersés. Cela veut donc dire qu'on n'en verra jamais autant que certaines autres espèces qui peuvent pulluler, et cela est bien dommage mais ajoute probablement à leur valeur.


C. longifolia

On peut les distinguer grâce à un caractère diagnostic : le Céphalanthère pâle, ci à gauche, possède à chaque fleur une bractée (= feuille à la base des fleurs), tandis que sa voisinne ci à droite, le Céphalanthère à longues feuilles, présente des fleurs sans bractée.

En fait, elle a également des fleurs plus petites et moins épaisses, et des feuilles plus longues (ainsi est-elle nommée), mais le seul moyen d'éviter toute confusion reste de regarder si les fleurs portent une bractée à leur base ou non.

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Listera ovata, la listère aux feuilles ovales


Listera ovata

Une orchidée très discrète, caractérisée par ses deux feuilles ovales (comme l'indique l'épithète spécifique), opposées l'une à l'autre et à la base de la plante (on peut le constater sur la photo de gauche). L'inflorescence peut varier d'une dizaine à une trentaine de cm, mais surtout, et c'est en cela que cette espèce est particuièrement discrète, les fleurs ne font guère plus d'un demi centimètre.


Listera ovata

Aussi, quand bien même cette plante est fréquente, bien peu la prendraient pour ce qu'elle est : une orchidée (à l'exception bien entendu des botanistes passionnés mais qu'écris-je, un pléonasme!). Ceci est lié à l'idée que l'on se fait des orchidées, qui se doivent d'être à la fois rares et fastueuses. Rien n'est moins faux bien entendu.

Cette espèce produit donc de petites fleurs vertes, apparemment plutôt riches en nectar et elles sont donc très visitées par les insectes. Plutôt commune et sans trop de préférences, on la trouve un peu partout dans les régions tempérées. Un détail sur cette orchidée : il semble qu'elle n'ait pas absolument besoin d'établir de symbiose mycorrhizienne pour vivre et peut donc croître en l'absence de champignon.

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Neottia nidus-avis, la Néottie nid d'oiseau


Neottia nidus-avis

Une très célèbre orchidée. Son nom vient de la forme du rhizome, constitué de multiples rameaux entrecroisés à la manière d'un nid. Bien souvent, on risque de la confondre avec les Orobanches, un groupe de plantes qui ressemblent aux orchidées mais n'en sont pas. Bref, la confusion est facile à faire, qu'on prenne les unes pour les autres... Et l'exercice est devenu un classique de la devinette chausse-trappe posée aux naturalistes en herbe.


Neottia nidus-avis

C'est une plante saprophyte et vit aux dépends de la matière organique se décomposant, et ne possède pas de feuille verte. Bref, une orchidée qui finit les restes!

On est encore loin de l'image luxueuse qui est la marque de l'imagerie commune de l'orchidée. C'est aussi une espèce autogame, à qui il est même possible de fleurir sous terre et de se féconder, allant jusqu'à produire ses fruits sans jamais qu'il n'aient vu la lumière du jour avant d'émerger eux même lorsqu'il seront à même de fleurir.

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Ophrys apifera

Ophrys apifera, l'ophrys abeille

La plus connue des orchidées communes d'Europe, et plutôt jolie -tout de rose vétue, cette orchidée ne peut échapper au promeneur qui la rencontre.

Une de ses particularité réside dans le fait que la fleur vieillissante et non fécondée voit ses pollinies se détacher et venir au contact du stigmate, permettant à la fleur de s'autoféconder si aucun insecte n'est venu la visiter.


Ophrys apifera

Ophrys apifera

Cette autogamie facultative, permettant à la fleur de fructifier sans prendre le risque d'avoir inutilement investi dans une fleur coûteuse, conduit également à l'apparition fréquente de spécimens aberrants ou hypochromes (caractérisés par des couleurs moins vives voire absentes) du fait des mutations récessives démasquées lors de l'autofécondation.
Cette espèce est donc plutôt variable sur toute son aire de répartition. Son nom d'espèce signifie « qui porte des abeilles », mais comme nous venons de le voir, pas toujours justement!

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Ophrys araneola, l'ophrys petite araignée


Ophrys araneola

Encore une orchidée qui porte un nom d'oiseau, euh... enfin un nom digne d'une orchidée, quoi.

Rien à voir cependant avec un éventuel pollinisateur, l'ophrys araignée se fait polliniser par des hyménoptères (guêpes ou abeilles), comme toutes les espèces de ce genre bien sympathique qui foisonne d'espèces pas toujours évidentes à distinguer les unes des autres, tant les variantes peuvent être morphologiquement assez proches.


Ophrys araneola

En tout cas cette espèce là est essentiellement rencontrée en France, où elle est d'ailleurs relativement commune... Enfin c'est à dire, comme toutes les orchidées de notre pays, si elle n'est pas victime des campagnes de destruction par fauchage-ratiboisage en rase-motte des talus qui l'accueillent, comme savent si bien le faire de nombreuses communes, et pas seulement celles qui accueillent un terrain de golf.

Tout comme l'Ophrys abeille, l'Ophrys petite araignée est pollinisée par des abeilles. Elle n'a pas cependant la possibilité de s'autoféconder, contrairement a sa cousine...

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Orchis purpurea, l'orchis pourpre


Orchis purpurea

Orchis purpurea

Une belle orchidée, plutôt commune, en tout cas abondante en certains endroits. En tout cas, elle n'échappera pas au promeneur attentif, car bien que discrète, elle n'en possède pas moins une inflorescence plutôt prestigieuse et prodigieusement élégante, qui se dresse au plus haut dans la pénombre des sous-bois ou des chemins ombragés. Elle vit souvent en groupes multitudesques foultitudants et innombrables, ce qui lui vaut son manque de respect pour une règle tacite du club très sélectif des Orchidées, celle d'être rares et isolées... N'en déplaise, puisqu'il lui arrive de se faire ermite et préférer la compagnie des autres espèces végétales...

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Platanthera chlorantha, la Platanthère verdâtre


Platanthera chlorantha

Platanthera chlorantha

Très abondante aussi, cette espèce tient son nom de son teint blafard, pâlichon. En revanche, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, cette orchidée possède du nectar dans son éperon (visible sur la photo ci-dessous par transparence), et attire de fait allègrement ses pollinisateurs, qui ne repartiront pas les mains vides de cette visite. En effet, la plupart des orchidées présentées ici sont des espèces qui n'offrent aucune récompense à leur visiteur, ni pollen ni nectar. Les pollinisateurs trompés finiront par apprendre à reconnaître et à éviter cette espèce par la suite, mais restent tout de même dupes un certain nombre de fois. Et bien notre Platanthère Verdâtre n'entre pas dans cette catégorie : elle ravitaille copieusement les insectes qui la visitent.

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Aceras anthropophorum, l'orchis homme-pendu


Aceras anthropophorum

Un nom vernaculaire effrayant, pour une orchidée à petites fleurs serrées et relativement discrètes. Et qui ne font pas spécialement penser à l'image qu'on a voulu faire passer en lui donnant un nom aussi morbide. Elles font plutôt penser à une tête de serpent qui tire la langue.

En tout cas elles peuvent varier du jaune crémeux à une teinte plus orangée, toujours plus foncé en liséré, et virant toujours vers ce colori en fin de floraison. Ici, les deux teintes cohabitent sur la même plante, mais la coloration est en général assez variable chez cette espèce. L'inflorescence ne dépasse pas souvent la vingtaine de centimètres, et perdue dans les hautes herbes, elle peut être difficile à dénicher.

Elle n'est pas trés répandue, mais c'est surtout qu'on ne la trouve que rarement en trés grandes populations. Le plus souvent, on peut s'estimer heureux s'il y a quelques individus. Elle reste modeste, bien sûr, comme plante, mais elle est trés jolie et fort curieuse.

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Orchis simia, l'orchis singe


Neottia nidus-avis

L'orchis singe mérite peut être bien son nom, pour une fois. Non pas que les singes roses soient plus fréquents que les mouches de la même couleur, mais c'est une espèce qui se distingue des autres de façon trés amusante.

Pas tant pour la couleur, le rose étant une option relativement commune, ni pour la forme de sa fleur, qui est pourtant vraiment curieuse, mais surtout parce que contrairement à la majorité des autres orchidées, cette plante fleurit à l'envers : les fleurs du hauts s'ouvrent avant celles du bas.


Neottia nidus-avis

Cette espèce décline le rose sur tous les tons, du pâle au plus foncé, et elle est également connue pour donner parfois des fleurs albinos.

Elle est assez facile à reconnaître, mais il arrive cependant qu'elle s'hybride avec des espèces proches, notamment O. militaris, et dans ce cas l'identification est plus ardue.

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Ophrys insectifera, l'ophrys porteur d'insectes, plus communément appelé l'ophrys moucheron


Ophrys insectifera

Ophrys insectifera

Une orchidée qui porte encore mal son nom... Mais qui l'assume. Du moucheron, on ne retiendra que la petite taille, et non l'éclat. Ce petit ophrys offre une fleur velouté et pourpre, une vraie robe de princesse, qui en fait une fleur royale en bien des points de vue. Et surtout, elle se pare d'un joyau indigo faisant briller son coeur et éventuellement celui des promeneurs...

Cette espèce est vraiment superbe. Elle semble bien frêle du haut de sa petite vingtaine de centimètres, mais pour peu que l'inflorescence se retrouve au soleil, elle en devient magnifique. J'arrête là, mais celle-là me fait craquer. Comme de nombreuses orchidées, ce chef-d'oeuvre est répandu et rare à la fois.

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Epipactis helleborine , l'Epipactis helleborine


Epipactis helleborine

Epipactis helleborine

Cette gente dame porte une fleur délicieuse et délicate. Elle a finalement peu à voir avec l'Hellebore, hormis une vague ressemblance de teinte. On peut la trouver un peu partout, et elle est assez commune. Pour la petite histoire, je l'ai même rencontré au coeur de ma propre ville, Les Ulis, avec une petite population d'une dizaine d'individus. Mais il faut dire que cela dépends bien sûr de la politique urbaine du « laisser pousser ». Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, on peut trés bien privilégier une gestion efficace du paysage tout en préservant une certaine intimité à la flore sauvage... Il suffit d'éviter de vouloir absolument tout ratiboiser.

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Himanthoglossum hircinum, l'orchis bouc


Himanthoglossum hircinum

Pour une fois, le nom d'une orchidée n'est pas trop mal choisi. Cette espèce dégage une odeur assez forte, pas forcément de bouc, mais cela s'en rapproche tout de même. D'ailleurs, on ne sait pas encore si la plante délivre réellement du nectar et il semblerait que l'odeur caractéristique de l'orchis bouc provienne de vésicules huileuses du labelle.


Himanthoglossum hircinum

Cependant, on n'en ressent les conséquences odorantes que lorsque la population de cette espèce est suffisamment grande, ce qui n'est pas toujours le cas, et cela reste malgré tout supportable.
D'autant plus que cette espèce est très joliment découpée, et si elle ne rivalise pas avec les autres par sa coloration, elle n'en demeure pas moins une superbe plante, avec une inflorescence avantageuse. D'autrepart, son labelle d'un brun trés délicat se déroule en vrille tortilleuse et s'ouvre avec deux lobes ondulés magnifiques. On peut donc tout lui pardonner.

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Epipactis atrorubens, l'Epipactis pourpre


Epipactis atrorubens

Cette espèce est caractérisée par une sombre fleur pourpre taillée en petite clochette, ce qui rend l'inflorescence sanguine mais délicate. Une robe unie et profonde, avec des pollinies jaunes intense.


Epipactis atrorubens

Le tout est sensiblement dressé, quand bien même les fleurs courbent la tête, mais la seule fois où je l'ai vue en fleur, peut être était-ce une mauvaise année, les plantes et les inflorescences n'étaient pas bien grandes. Ceci étant, elle en gagnait autant en finesse.

Et de plus, il s'agissait d'une population nombreuse et bien établie, ce qui était une compensation non négligeable: on pouvait voir sinuer comme un liséré grenat le long de la colline. C'était encore une fois une vraie merveille.

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Les orchidées sont des espèces en danger!

Les orchidées sont des plantes admirables, et pas seulement pour leur beauté. Qu'elles inspirent autant de passions et de collections n'est finalement que justice rendue à cette famille si riche et diverse. Cependant, il s'agit aussi de plantes fragiles et trop souvent menacées. Point besoin n'est de pester contre la déforestation de la forêt amazonienne, le problème est aussi aigu ici, juste devant votre porte. Ce problème s'appelle « défrichage ». En son nom, et en vertu de je ne sais quelle obligation sanitaire imaginaire, les talus sont rasés jusqu'au dernier millimètre, détruisant chaque année des populations entières d'orchidées avant même qu'elle n'aient pu fleurir et fructifier. L'opération renouvelée chaque année conduit à un véritable massacre : les populations d'orchidées disparaissent faute d'avoir pu se renouveler. Il ne s'agit pas ici de protester contre le débroussaillage des talus pour sécuriser la route et améliorer la visibilité des conducteurs, ces mesures sont indispensables. Mais faut-il pour autant et par excés de zèle menacer une flore aussi précieuse ? Est-il absolument nécessaire que le dernier centimètre carré du talus soit désherbé parce que cela fait plus « propre », plus homogène, plus conforme à une vision stérile du paysage ? Les talus sont des zones refuges par excellence pour la plupart des orchidées, et une gestion efficace de ce patrimoine est à la portée de tout le monde. Trop nombreux sont les endroits où une fauche plus tardive est possible et ne coûte rien de plus sinon moins cher, tout en préservant la flore. La sensibilisation devient nécessaire. Si vous constatez des populations d'orchidées en bord de route soumises à de tels risques, une solution peut simplement être trouvée en indiquant à votre commune son emplacement et en insistant sur la facilité à mettre en oeuvre des mesures de précaution. La mobilisation d'un comité de riverains ou citoyens attentifs à cette question est tout à fait capable de donner des résultats efficaces. Alors, regardons bien, et protégeons tout simplement nos talus.

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Copyright © Laurent Penet 2006.